C’est quoi, l’attachement?
L’attachement, c’est le lien affectif durable qui existe entre un enfant et l’adulte qui en prend soin. C’est un lien très important, car pour bien se développer dans son cœur et dans sa tête, le bébé a absolument besoin d’un lien avec une ou des personnes significatives pour lui. Il a besoin non seulement d’être nourri physiquement, mais aussi d’être touché, qu’on lui parle, qu’on joue avec lui. Bref, il a besoin de compter sur au moins une personne en particulier. On sait que les bébés élevés dans des orphelinats surpeuplés peuvent même mourir s’ils ne sentent pas de lien affectif avec quelqu’un ou s’ils perdent la seule personne avec qui ils avaient un lien. Certains cessent de manger et se laissent ainsi mourir.
Qu’en est-il du bébé normal? L’attachement commence à se développer dans le ventre de la mère. Le bébé en gestation qui se sent accueilli et désiré est déjà dans un lien positif avec sa mère et son père et construit ainsi son estime de soi. Puis, après la naissance, les parents lui prodiguent des soins, lui parlent, jouent avec lui, tiennent compte de ses besoins et de ses réactions. Le lien d’attachement continue ainsi de se développer.
De son côté, le jeune bébé fait ce qu’il faut pour garder l’adulte qui en prend soin près de lui : il démontre un intérêt soutenu pour les visages humains, la voix humaine, il sourit, pleure pour faire venir à lui, tend la main vers l’autre aussitôt qu’il en est capable, démontre de mille et une façons son intérêt pour l’autre. Il est « programmé » pour chercher à garder une proximité avec les adultes dispensateurs de soins.
Le jeune bébé ne semble cependant pas faire beaucoup de différence entre les adultes qui s’occupent de lui jusqu’à l’âge de 6 à 9 mois. C’est vers cet âge que le jeune enfant se met à mieux différencier les personnes familières des inconnus et n’accepte plus qu’un étranger s’occupe de lui. On connaît bien les crises des enfants de cet âge qui ont peur de perdre maman… car ils ne comprennent pas encore très bien que maman, ou papa, continue d’exister même lorsqu’il ne les voit pas.
C’est à partir de l’âge d’un an qu’on peut observer plus clairement si un enfant a développé un attachement « sécurisé » ou non. L’attachement sécurisé est celui dans lequel la présence de l’adulte familier permet à l’enfant de se détendre et de savoir qu’il est en sécurité, ce qui lui permet de partir, ouvert et confiant, à la découverte du monde qui l’entoure. Par contre, dans une situation où le parent quitte pour un moment son enfant en le laissant en présence d’un étranger, l’enfant dont l’attachement est sécurisé montrera des signes d’inquiétude. Quand le parent revient, il ira vers lui pour se faire rassurer. S’il a pleuré, la présence et les caresses du parent le réconforteront. C’est le cas de la majorité des enfants.
Une minorité d’enfants développent toutefois un type d’attachement « insécurisé ». Certains sont apparemment peu dépendants de l’adulte, ce qui est une situation anormale pour un jeune enfant qui a évidemment besoin de l’adulte. Si l’adulte familier s’en va, ils peuvent continuer de jouer tranquillement, semblent à peine s’apercevoir que le parent est parti et ne cherchent pas à se faire rassurer à son retour. On dit d’eux qu’ils ont un attachement « évitant ». D’autres enfants manifestent un attachement « ambivalent » : quand le parent revient, ils accourent vers lui ou elle, mais ne semblent pas rassurés, se mettent même parfois en colère tout en restant avec le parent.
Certains enfants nous inquiètent parce qu’ils semblent le plus souvent autant à l’aise avec une personne étrangère qu’avec leurs propres parents. C’est comme s’ils n’avaient pas créé de lien d’attachement avec qui que ce soit. On voit parfois ce comportement chez certains enfants qui ont été gravement négligés en bas âge.
Ce fameux lien d’attachement qui se construit durant l’enfance est excessivement important puisqu’il devient pour la vie notre représentation mentale et affective inconsciente de ce qu’est une relation intime avec quelqu’un d’autre. Si j’ai été aimée, qu’on a pris soin de moi, qu’on m’a consolée et accompagnée dans mon développement, je sais que je peux aimer à mon tour. Il ne s’agit pas d’un savoir intellectuel; je mène ma vie comme ça, même si je ne l’exprime jamais en mots. Ce savoir est imprimé dans mon cerveau depuis les premières années de ma vie. Il définit le plus souvent comment je me comporte avec mon conjoint, comment j’élève mes enfants. J’ai tendance à développer le même type d’attachement avec mes enfants que celui que j’ai eu avec mes parents.
Dans un article subséquent, nous regarderons les moyens qu’un parent peut mettre en œuvre pour favoriser l’établissement d’un attachement sécurisé chez son enfant.
Claudette Nantel,
Psychothérapeute, spécialiste en psychologie pré et périnatale
Cet article est présenté par Maman Kangourou (www.mamankangourou.com)